Sur la couverture: Photo de Yves Martin Allard

Rédaction et photos par Julien Gagnon / @fuji_ju

 

Arrivé à Montréal pour travailler comme graphiste, LSNR  a su s’inscrire sur la scène montréalaise des arts visuels en déclinant ses illustrations, dans des collaborations avec des marques de vêtements, des expositions, des maisons de disques, et plus récemment par sa participation au festival MURAL en 2018.

 

L’équipe de MURAL lui a rendu visite en décembre dernier pour en apprendre plus sur son parcours, ses inspirations et ses projets futurs.

Que dirais-tu de commencer par te présenter un peu? Parle-nous un peu de ton parcours de France jusqu’à ici.

Je suis arrivé à Montréal en 2013 depuis les Alpes françaises, où j’étais graphiste. En arrivant à Montréal, j’ai enchaîné les contrats de graphisme assez longtemps pour avoir des visas et dès que je suis devenu résident permanent, je me suis concentré sur mes activités artistiques. Cela fait environ un an et demi et j’arrive maintenant à vivre de mon art!

Comment dirais-tu que tes études en art ont influencé ton style?

Quand j’étais adolescent, j’étais vraiment plus axé graffiti, mais ma carrière n’a pas duré très longtemps, car j’ai eu des ennuis avec la police et ça m’a pas mal refroidi. Je me suis alors tourné plus vers le papier, j’aimais beaucoup les personnages et l’illustration. J’ai fait une école d’arts appliqués très technique, axée sur la BD, le graphisme et l’illustration.

Il y a donc deux pans à ma pratique. Un est beaucoup plus instinctif, inspiré des personnages des bande dessinée, des graffitis, des choses un peu plus illustration. Je ne fais pas trop gaffe aux proportions, plutôt cartoon. L’autre part de mon travail c’est ce côté plus design avec une palette de couleurs limitée, des formes taillées et très droites.

Dans le cadre du festival MURAL tu as peint une oeuvre sur les murs de la boutique Benjamin Moore qui explore des paysages biens connus des montréalais. Qu’est-ce qui t’as inspiré?

Au départ je lisais beaucoup de magazines de street art avec des personnages qui sortaient du pur graffiti, comme Amose, par exemple. Mes trucs plus paysage, c’est vraiment quelque chose que j’ai développé depuis peu de temps. Ce qui m’a inspiré les paysages c’est des artistes que j’ai découvert sur le tard, comme Moebius (dessinateur de la BD L’Incal). J’ai découvert ses paysages super épurés, simples avec des aplats de couleur. Ça respire. Il y a aussi Eyvind Earle, un illustrateur chez Disney qui faisait pas mal de  paysages en projets personnels. Finalement, j’aime beaucoup le style des estampistes japonais, qui faisaient de l’impression à l’encre avec des blocs de bois.

Tu as travaillé sur des collaborations avec des marques comme Le Cartel fait des murales des pochettes de vinyles tu travailles aussi beaucoup sur support numérique. As-tu un médium favori?

J’ai vraiment beaucoup aimé travailler sur le vectoriel, avec Adobe Illustrator, mais mon médium de prédilection c’est vraiment le papier pour son côté tactile, le mouvement. C’est quelque chose qui manque souvent dans le numérique. Le numérique est assez aseptisé. Quoi que j’ai commencé à dessiner sur mon iPad avec un stylet et j’aime pas mal ça.

Cet automne tu as passé quelques semaines à Lyon avec Le Monstr pour réaliser un projet explorant des thématiques entourant le réchauffement climatique pour la galerie Superposition.

Oui, c’était une résidence artistique dans un centre commercial complètement vide et la galerie a invité une vingtaine d’artistes à investir les lieux, à peindre toute les surfaces et à réaliser n’importe quel projet créatif dont on avait envie avec le temps qu’on avait. J’ai peint un mur d’une dizaine de mètres. On a fini par présenter une expo collaborative qui a eu beaucoup de succès, il paraît. Un gros merci à mon pote Monstr pour m’avoir proposé pour le projet, et à la galerie Superposition pour l’accueil et tout le reste!

Cet hiver tu travailles sur un projet dans le Quartier des Spectacles en collaboration avec MURAL et la Ville de Montréal. Peux-tu nous parler de ce projet?

Ça sera une grande palissade au coin des rues Sainte-Catherine et Clark. Le Quartier des Spectacles a fait appel à MURAL pour animer ce chantier qui durera deux ans. Ça va être dans un esprit graphique, assez simple, accessible. Il y aura des petits clins d’oeils au lieu, très axé sur l’Îlot Clark en devenir.

Et pour la suite?

J’aimerais plus me concentrer sur mes projets personnels. Quand tu es artiste indépendant, que tu n’es pas en école, il n’y a rien pour te forcer à évoluer et progresser. Je ressens parfois un genre de plateau.

 

Donc, là je veux me remettre au croquis, à l’observation et faire de la recherche pour reprendre l’habitude du dessin.

 

J’aimerais bien aussi faire plus de pièces uniques comme des toiles ou des tableaux.

 

J’ai bien aimé collaborer avec des labels de musique pour faire des pochettes d’album l’an dernier. Donc, c’est aussi quelque chose qui me tente.

 

Éventuellement, j’aimerais même travailler avec des fabricants de pédales d’effets pour la musique. C’est un bon support pour des petits designs. Ce serait une belle manière de mixer l’art et la musique.