L’une des fatalités de l’art de rue est son caractère éphémère. Que ce soit du aux réglementations de la ville, aux demandes de propriétaires du bâtiments, aux passages de tagueurs ou aux effets de la nature, la durée d’une oeuvre d’art urbaine est généralement courte. En revanche, c’est exactement pour ce caractère éphémère qui attire les amateurs d’art. C’est là que les photographes d’art de rue entrent en jeu. En capturant ces œuvres d’art, ils leur permettent de vivre éternellement.

 

Armés de leur Nikon D80, Canon 5D, Nikon D3100 et de leur IPhones, David Roos – aka @Droos86 – et Tim Jentsch (@Timjentsch) sont de ceux qui arpentent les rues dans le but de partager leur passion pour l’art urbain avec le monde et capturer ces oeuvres avant qu’elles ne s’efface ou soient repeintes.

 

Ce qui avait commencé comme un simple passe-temps pour David s’est vite transformé en un désir d’archiver le travail effectué par ces “street artists”. “Des fois, tu prends une photo et la semaine prochaine, ou même le jour d’après, l’oeuvre a disparu. C’est comme ça que ça marche dans ce milieu. Alors, je crois que c’est important qu’elles soient immortalisées.”, explique-t-il.

 

 

De son côté, Tim a toujours été passionné par la photographie. Alors qu’il aimait bien, à ses débuts, la photographie sous-marine et de mode, le fait qu’il était amené à voyager beaucoup l’a attiré de plus en plus vers l’art de rue. “J’essaie de préserver les magnifiques oeuvres que je découvre à travers mes voyages et de les partager avec mon public. Plusieurs oeuvres ne reste pas affichées très longtemps dans les rues. Alors, les immortaliser en photos leur donne un peu plus de longévité.”, ajoute-t-il.

 

Qu’est-ce qui t’as amené à choisir le street art comme principal sujet de tes photographies?

@Droos86 – Pour moi, ça a commencé quand un ami m’a introduit au travail de Banksy, il y a plusieurs années, alors que sa carrière débutait à peine. Ça a piqué ma curiosité tout de suite. Alors que je visitais Londres, je devais aller voir ces dernières oeuvres et c’est comme ça que tout a commencé.

 

Au fil des années, mon intérêt pour le street art et le graffiti a grandit et ça m’a poussé à observer davantage les rues et ce qu’elles cachent. Alors que je me promenais à vélo, alors que je voyageais pour le travail ou lorsque j’étais en vacances, je gardais toujours l’oeil ouvert sur ce qui se faisait dans les rues.

 

Il y a quatre ans, j’ai déménagé à Berlin pour mes études et c’est là que les choses ont déboulées. J’ai reçu une caméra pour ma fête, je suis devenu bon ami avec D7606 et Alice Pasquini et j’ai commencé à publier sur Instagram.

 

 

@TimJentsch – Pour moi, le street art est un intéressant mouvement international rempli d’une énergie électrisante. J’adore capturer son processus en constante évolution. J’ai grandi avec le graffiti et le hip hop dans les années 2000. Je voyage pour mon travail depuis 2008 et l’accès régulier à une panoplie d’oeuvres d’art dans diverses villes dans le monde m’ont converti à ce milieu. Le fait que j’aimais bien être dehors et explorer de nouveaux endroits signifiait que je pouvais combiner ces passions à la chasse à de nouvelles murales. Je travaille aussi pour l’équipe de isupportstreetart.com, un média sans but lucratif qui promouvoit le street art à travers des portraits d’artistes, des entrevues, des nouvelles à propos de murales récemment conçues et d’événements qui se produisent dans ce milieu.

 

 

Ta photographie t’amènes à voyager beaucoup, quelles sont tes endroits de prédilection pour photographier de l’art urbain?

@Droos86 – En effet. Je fais beaucoup de petits voyages dans le but de prendre des photos de murales. Je fais quelques recherches, crée une carte avec les localisations d’oeuvres à ne pas manquer et je pars à l’aventure dans les rues. Rapidement, je recommanderais définitivement Lisbonne. Il y a tellement de choses à voir là-bas. C’est une ville incroyable. Autrement, Paris est toujours rafraîchissante et Berlin a plusieurs belles oeuvres, des récentes et d’autres plus vieilles.

 

@TimJentsch – Je suis choyé de pouvoir voyager autant. J’essaie de documenter la scène de quelques importantes villes américaines, telles que NY, LA et Miami. Je regarde aussi l’oeil ouvert sur ce qui se passe à Londres, comme j’habite près de là. Aussi, je voyage aussi de manière ponctuelle vers des destinations reconnues pour leur art de rue, comme Berlin, Paris et Lisbonne. Je visite aussi les endroits où des festivals de street art sont organisés aux États-Unis et en Europe, comme The Crystal Ship à Ostend, en Belgique.

As-tu des artistes favoris dont tu aimes particulièrement photographier les oeuvres?

 

@Droos86 – Mon artiste favori serait probablement Borondo. À chaque fois que j’observe ses oeuvres, je découvre un nouvel angle, un nouveau degrés. J’adore son style, comment il utilise les couleurs et les messages derrières ses oeuvres.

 

Par contre, je crois que faire l’expérience d’une murale, ce n’est pas seulement la voir, la prendre en photos et repartir. Pour moi, c’est aussi la route faite pour la trouver. Il y a quelques années, j’ai eu l’opportunité de voyager à travers la Belgique avec mon ami D7606. On voulait voir le plus de street art possible et vraiment s’immerger à leur scène d’art de rue. On a fait un détour par Roeselare, où on a immortalisé une murale de David Walker. La beauté de cette murale et la route effectuée en valait définitivement le détour.

 

 

@Timjentsch – Il y en a tellement. L’année passée, j’étais vraiment intéressé au projet To The Bone d’un de mes amis, Sonny, qui voyage à travers le monde pour créer des murales de grandes envergures mettant de l’avant des espèces en voie de disparition. Ses murales sont toujours très émotionnelles. Il mélange des centaines de couleurs pour ajouter de la profondeur et du détail et tout ça pour une bonne cause.

Quels seraient tes meilleurs trucs et conseils pour photographier du street art?

@Droos86 –

  • J’utilise quelques apps de base pour redresser mes photos et, quelques fois, pour ajouter un éclat de couleurs.
  • J’essaie souvent d’inclure des personnes qui passent par là ou d’autres objets environnant, comme des voitures ou des vélos. Ça donne une bonne idée de l’ampleur de la murale et ça ajoute un petit quelque chose à la photo.
  • J’essaie aussi de prendre des angles différents que la plupart des gens ne s’attendent pas à voir.
  • Instagram est une mine d’or quand tu pars la recherche de street art. J’y ai d’ailleurs fait de très belles rencontres de passionnés d’art urbain comme moi, de partout à travers le monde.

 

???????? In three weeks I’ll be going to Berlin! Can’t wait! • Throwback to this Stunning work by @tristaneaton • Berlin, Germany •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• #wallart #instaartist #rsa_streetview #rsa_graffiti #royalsnappingartists #streetart #urban #urbanart #murals #murales #muralart #dsb_graff #dopeshotbro #grafflife #graffporn #graffitiwall #graffitiporn #graffitiigers #graffitiartist #tv_streetart #urbanartist #wallporn #streetartandgraffiti #tristaneaton #berlinstreetart #streetartberlin #coloursplash #arteurbano #streetartcities ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

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@Timjentsch –

  • L’angle : Pour commencer, il faut essayer de capturer l’entièreté de l’oeuvre de la manière la plus droite possible avec une exposition uniforme. Ça c’est l’angle qui sera le plus intéressant dans les livres. Ensuite, on peut expérimenter un peu en se positionnant au bas de l’oeuvre, ce qui fera paraître la murale plus grande et plus dramatique. Un peu d’hauteur peut donner un look intéressant aussi.
  • La luminosité : Pour moi, il y a deux “golden hours” dans une journée : juste après le lever du soleil et juste avant le coucher du soleil. C’est à ces moments que la luminosité est à son meilleur. Durant les journées ensoleillées, les ombres peuvent vite devenir problématiques. C’est souvent nécessaire de visiter les mêmes murales à plusieurs reprises avant de trouver le moment où la lumière est idéale.
  • L’édition : Absolument essentielle. La photographie digitale n’est jamais parfaite. J’édite chaque photo. Par contre, je n’aime pas les filtres prédéfinis. Je trouve que ça fait un peu artificiel. Jouer avec les contrastes et la saturation est essentiel, selon moi, tout en essayant de garder l’apparence de la murale la plus naturelle possible. J’édite généralement mes photos d’IPhone sur Snapseed sur la route. Les prises que je fais avec mes D-SLRs, je les édite avec Lightroom sur mon Mac.