L’équipe du festival MURAL, fidèle à son habitude, a invité cette année 10 artistes canadiens et locaux à participer à l’événement créatif. Parmi eux se trouvent Dodo et Fluke. Ces deux artistes en seront à leur deuxième participation au festival. La première fois, en 2013, ils y étaient en tant que membres du collectif A’shop.

Difficile d’oublier la magnifique murale que le groupe nous avait offerte à la première édition du festival puisque « la vieille dame » est toujours là. Semblant se moquer du temps et des gens qui passent au coin de St-Laurent et avenue des Pins.

©Nickie Robinson
©Nickie Robinson

 

©Nickie Robinson

Mais 5 années ont passé depuis : MURAL et A’shop ont bien grandi. Ils ont maintenant tous deux une brillante visibilité internationale. Si MURAL est devenu rapidement un incontournable du circuit mondial des festivals de street art, A’shop (veut dire « À la Shop » – expression québécoise signifiant « au boulot »/« à l’usine »), de son côté, fort d’une longue expérience (fondé en 2009) et de la qualité du travail de ses artistes, a aujourd’hui un rayonnement important sur la scène internationale.

Mais cette année, ce n’est pas A’shop qui est convié à la fête, mais plutôt deux artistes qui font partie du collectif : Dodo et Fluke. Ils réalisent chacun un mur en solo.

Les deux hommes sont si liés professionnellement à leur collectif qu’on en oublie trop souvent qu’ils poursuivent chacun de leur côté une brillante carrière solo tant localement qu’internationalement.

La collaboratrice de MURAL est allée à leur rencontre afin d’en apprendre davantage sur eux et de vous les faire découvrir.

Doryan « DoDo » Ose

©Instagrafite

Doryan (Dodo) est un artiste d’origine française qui se considère comme un artiste montréalais. Il a déménagé ses pénates à Montréal en 2010 pour y faire évoluer sa carrière artistique et également parce qu’il y fait bon vivre.

Le côté « Ose » de son blase lui vient de ses racines de graffeurs lorsqu’il était tout jeune.

« C’est ma mère qui m’a influencé. C’est elle qui m’a acheté mon premier cahier de croquis, ma première can de spray. », raconte Dodo avec beaucoup d’émotions, car l’artiste est un grand sensible. Et c’est justement cette sensibilité qu’il transmet dans ses œuvres. Maman Dodo doit être aujourd’hui bien fière de son rejeton.

©Ashop

Dodo fait partie de la talentueuse gang de joyeux lurons montréalais que sont les K6A (prononcer « qué cé ça? »). Un collectif informel de créateurs de tous genres qui regroupe bon nombre de personnalités bien connues de la scène montréalaise, que ce soit du côté graffiti, de l’art, ou du rap.

« K6A est un peu comme ma famille. Ce sont eux qui m’ont accueilli et leur influence a bouleversé ma carrière. »
L’artiste est un gars de gang : il aime les gens et la proximité artistique récurrente que lui apporte le collectif lui insuffle son énergie. Dodo y est tellement attaché qu’il a fait tatouer sur son bras le visuel du groupe.

©Nickie Robinson

Doryan est connu pour son style très « léché » d’une grande finesse et tout en contraste. Un mélange de visuels plutôt « classiques » qui s’intègrent dans un univers venu du graff. Mais s’il fait partie de la communauté des graffeurs de Montréal, son travail tend à s’en éloigner peu à peu.

©Nickie Robinson

L’artiste multidisciplinaire, maintenant la mi-trentaine, se décrit lui-même comme un artisan plutôt que comme un artiste.
« Artisan parce ce que je mets mon art, la technique que je maîtrise et mon expertise au service d’autrui. »

Working Class Hero” (2015) – Solo – Hochelaga ©Nickie Robinson

En finissant, Doryan tenait à mentionner son grand respect pour Fluke qui l’a guidé dans sa carrière et l’a poussé a développé sa créativité. Car si Fluke donne beaucoup aux autres, il est important pour Dodo de lui donner aussi en retour et de lui dire merci.
« Mais cette année, pour MURAL, je vais lui botter le cul », dit-il avec son éternel sourire.

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Fluke

Hommage à Jackie Robinson – MURAL Festival 2017 ©Halopigg

L’artiste, d’origine polonaise et né à Montréal, a 33 ans. Il est considéré comme un vieux de la vieille sur la scène montréalaise du graffiti : il fait partie des pionniers. Pas surprenant quand on apprend que le fondateur de A’shop a commencé à manier la bombe à l’âge de 9 ans. Petit à petit, une can à la main, il s’est taillé une place et sa signature est devenue, graduellement mais surement, bien connue de tous.

©Fluke

Contrairement à la majorité des artistes de la scène, l’homme est pratiquement toujours appelé de ses proches par son pseudo. Fluke l’explique par le fait que sa langue première était le polonais – son anglais/français était un peu approximatif. Alors pour faciliter son intégration, il a choisi ce nom qui se prononçait facilement.

« À l’époque je ne savais pas trop ce que cela voulait dire, mais j’aimais bien sa résonance et l’assemblage des lettres. Aujourd’hui, il se marie très bien à la vie que je mène. Je considère que j’avance dans la vie avec beaucoup de chance. Et ce nom fait maintenant tellement parti de moi, qu’il devient mon identité à part entière. Je suis Fluke! »

Son chemin a été dessiné par le travail acharné et la patience.

« De nos jours, beaucoup d’artistes sont impatients. Ils veulent tout, et tout de suite. Il faut savoir prendre son temps et continuellement se remettre en question. »

©Wall2Wall

Celui qui se décrit comme un extrémiste de l’art ne dort pas beaucoup. Très exigeant envers lui-même, il travaille selon un processus presque militaire. Obsédé par les détails, il procède par essais/erreurs et peut reprendre 100 fois son travail. Solitaire, il passe la majorité de son temps dans l’atelier de A’shop. C’est sa caverne d’Ali Baba. Un peu comme un scientifique dans son labo, il y fait ses recherches : couleurs, formes et mouvements.

©Wall2Wall

Depuis 2 ans, il est en réflexion sur son travail. Influencé par les arts, il tend à s’éloigner peu à peu du graffiti. Il avoue cependant être encore à la recherche de son style.

« Si le secret est dans la sauce, je n’ai pas encore trouvé la recette! », dit-il avec un sérieux surprenant. L’homme est tout habituellement sourire et dégage une grande joie de vivre et un dynamisme contagieux.

L’artiste a comme objectif premier de véhiculer un message.

« Je ne m’attends pas que dans 10-20 ans les gens se souviennent de moi, mais si je peux changer la journée des gens, ne serait-ce qu’un court instant, j’aurai atteint mon but. »

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